« Dans
chaque amour, il y a au moins deux êtres,
l’un étant la grande inconnue de l’équation de l’autre. »
La construction d’une relation amoureuse se conjugue avec les notions de
respect, patience et persévérance. « Ce n’est pas un travail vite
fait que d’aimer. »
Avec une dimensionà la fois sentimentale et sexuelle, « aimer » est
un des rapports sociaux les plus complexes qui soit. C’est justement
cette double dimension qui le qualifie de fait social. En effet, à
la différence des anglo-saxons, la perspective française ne
considère pas la sexualité en tant que telle comme étant une des
composantes de la socialité. Elle est un passage obligé pour le
maintien des espèces et de fait, peut tout à fait se concevoir sans
lien social entre les deux individus concernés.
La méthodologie de cette étude est de nature qualitative. Ainsi, elle
repose sur des entretiens dont la méthode est alternative entre une
grille d’entretien à caractère « semi-directif » et un recours à un
« récit de vie ». Cependant, compte tenu de la nature du travail
demandé, seulement huit entretiens ont pu être réalisé. Par
ailleurs, les questions concernant les pratiques sexuelles concrètes
se sont révélées être plus délicates à aborder que celles relatives
aux sentiments en tant que tels. Aussi, dans un souci de complément
d’informations, il a été distribué le questionnaire se rapportant à
l’enquête « Sexualité, amour, désir et sentiments »
auquel il a été ajouté quelques questions subsidiaires afin
d’obtenir des réponses un peu plus précises. Le choix de l’approche
du sentiment amoureux et de la sexualité présentée dans ce document
est liée à la bibliographie. Un travail plus exhaustif et plus
dialectique aurait nécessité beaucoup d’autres lectures.
Après avoir tenté d’établir les différentes étapes que rencontre le
sentiment amoureux, nous nous attarderons sur sa fragilité réveillée
par la sexualité au moment même où elle fait son apparition au cours
du processus d’élaboration d’une relation amoureuse. « Le truc,
c’est que c’est avec le sexe que l’on perd de l’objectivité. »
Comment ce facteur peut-il à tour de rôle remplir une fonction de
renforcement et / ou de détérioration des liens unissant deux
êtres ?
Le
sentiment amoureux se ressent par l’association d’un élan affectif
et un désir physique hétéro ou homo sexuel ; le tout se combinant
avec un plaisir généralement intense.
Dans la découverte du sentiment amoureux, genèse de l’Amour,
l’attachement est le premier lien unissant deux individus. Pour
Xavier Lacroix,
la tendresse est le premier nom donné au sentiment amoureux, la
première étape vers l’Amour. « La tendresse est proximité. Une
intimité sans équivalence s’établit entre deux êtres qui, naguère,
étaient étrangers ; une émotion à mi-chemin entre sensation et
sentiment. »
Tony Anatrella confirme que la tendresse se distingue de l’Amour car
elle demeure au niveau des sentiments. « L’Amour n’est pas seulement
une palpitation du cœur ; il est œuvre, construction, engagement.
Avoir un faible pour autrui peut être le commencement de beaucoup de
choses… »
Ainsi Olivier témoigne de ce phénomène en confiant son ressenti à ce
sujet : « On apprend au fur et à mesure à comprendre l’état
d’esprit de l’autre, et parvenir à établir un petit jardin secret
inviolable. L’objectif est d’arriver à tout se dire, à tout faire,
comme si on se le disait à soi-même… c’est-à-dire dans un climat de
confiance totale ! ». Ces prémices « lient le sujet à une
représentation fausse de sa relation à l’autre, relation qui relève
de l’attraction à une fusion absolue à ce stade du cycle amoureux ».
Cette étape de la relation ne va pas sans rappeler l’attachement du
petit d’homme à sa mère, son semblable dont il ne se différenciera
que plus tard, au contact des « autres » en prenant conscience que
ce qui est semblable, n’est pas pour autant identique. Il s’agit
d’une forme de « séduction mutuelle, qui vise à établir et à
préserver un accord parfait, sans faille et sans tension, entre deux
partenaires unifiés ».
Selon Paul-Claude Racamier, une telle relation redoute avant tout la
différence, porteuse de séparation. Ainsi, « l’amoureux(se) rejoue
la scène de la galaxie primordiale mère / enfant dans sa relation à
un objet d’amour qui est son amoureuse(x), objet d’attachement
anaclitique
réinventé ».
A sa genèse, la séduction se veut être narcissique dans le sens où,
pour se rassurer, on cherche en l’autre ce qui est redondant de
notre propre personne. Même si un tel lien est illusoire, il est
cependant nécessaire, voire indispensable, à l’élaboration d’un
attachement réciproque des deux partenaires et par la suite, à la
transformation du sentiment amoureux en Amour. Lacan parle de
« psychose amoureuse » dans le sens où « le sentiment amoureux est
jouissance, et porte l’aspiration toujours constante et jamais
réalisée, d’atteindre le but impossible du bonheur absolu, horizon
qui peut se dire mort ou océan de folie ».
La
seconde phase du sentiment amoureux est la désillusion, lorsque
l’approbation de l’autre est absente, ou du moins non immédiate. Il
s’agit de ce que l’on nomme la « contre-dépendance amoureuse ».
L’individu concerné traverse alors une période de frustration et de
déstabilisation au cours de laquelle l’objet d’amour
ne le satisfait plus en ne répondant pas à ses stimulations.
« Oui, c’est le problème des sentiments... Je savais pas trop mais
ça sert à rien de poursuivre si c’est pour faire du mal à l’autre. »
Ici, est atteint le seuil décisif du sentiment amoureux. Si les
partenaires ne parviennent pas à transcender le miroir du « deuil
originaire »,
le sentiment amoureux ne se transformera pas en Amour et chacun, ou
seulement l’un d’entre eux, tombera « en dehors ». En effet, ne peut
« aimer », celui qui se complait dans un miroir narcissique ou
anaclitique.
L’objectivité et la sincérité sont réduites en poussière et les
cendres de la relation passée ne sont alors que imagination,
illusion et déception. Il est désormais impossible à l’individu
d’espérer exister en tant qu’être à part entière alors qu’il demeure
incapable de surmonter son angoisse face à la « perte »
de l’autre. C’est le démantèlement de ce que l’on nomme « l’illusion
d’unisson », présente déjà chez le petit d’homme, qui va permettre
au sentiment amoureux de laisser place à l’Amour. « C’est un
événement tout à la fois fort et fragile, douloureux et
merveilleux. Tel est le deuil originaire. Rien, après le deuil
originaire, ne sera plus comme avant ! »
A
son fondement, un sentiment amoureux mutuel est, aux yeux des deux
protagonistes, prioritaire sur toute autre considération quelle
qu’en soit sa nature. « Quand j’aime, je ne mets pas de limite. »
Au début de leur relation, les amoureux se croient seuls au monde.
C’est d’ailleurs, cette hiérarchie des priorités (« nous, c’est nous
et nous passons avant eux ») qui permet au sentiment amoureux de se
développer vers l’Amour. « L’Amour ne coïncide pas avec un simple
épanchement du cœur. »
Selon Claudine Viala, « l’amour est trouvé, en ce que l’objet
d’amour devient propre et désirable d’être perdu comme objet de
possession absolue déceptif ».
Pour que le sentiment amoureux devienne Amour, il faut que chacun
des partenaires soit en mesure de revivre et dépasser le deuil
originaire. « Encore faut-il savoir imaginer se perdre pour enfin se
trouver ! »
Il s’agit bien de l’idée de « tomber en amour ». Selon Claudine
Viala, l’Amour « libère le « moi » de son emprisonnement et de son
immobilité dans ses demandes pour soi ». En effet, en allant vers
l’autre, en se présentant à lui, loin de se perdre, le « moi » se
trouve. Vient alors le véritable Amour, partagé, serein et mature.
Du fait « d’avoir franchi sa peur de perdre l’autre, chacun peut
s’installer tranquillement dans une différenciation et une
intersubjectivité, autour de valeurs et objectifs communs ».
L’Amour est synonyme d’interdépendance et non de seule dépendance.
« C’est compliqué tout ça ! Je pense que le mieux, c’est de ne
pas imposer, mais de mixer avec ce qu’il y a. »
Xavier Lacroix perçoit l’Amour à travers une Alliance. Ainsi, il
décrit un processus allant du sentiment amoureux au lien d’Alliance.
Pour lui, « le sentiment d’amour joue un rôle irremplaçable,
dynamisant, catalyseur, de rapprochement, de rétablissement de
l’intimité, de l’établissement d’une complicité irremplaçable entre
les personnes ».
Cependant, il ne suffira pas à créer et conserver une Alliance entre
deux individus. « Pour moi, l’amour, ça ne se contrôle pas ; ça
se savoure… »
L’auteur cherche alors d’autres sources. Dans un premier temps, il
tente de réunir tout ce qui dans le lien amoureux ne provient pas
directement du sentiment en lui-même mais s’inscrit de manière
historique. Par ailleurs, il existerait ce que l’on nomme « sens
renouvelé de l’amour ». Ainsi, Xavier Lacroix distingue des
« ressources externes » et des « appuis internes » de l’Alliance.
Six
notions définissent la première typologie. Par sa dimension de
construction et de mise en forme, le lien est une œuvre
réalisée et élaborée entre deux individus consentants et attirés
l’un par l’autre. « Cette œuvre qui s’affirme et s’approfondit
pourra, avec le temps et un peu de chance, être un petit
chef-d’œuvre. Mais pas forcément… Il sera ce qu’il sera, avec ses
limites. »
L’engagement, le respect de l’autre, apparaît ici sous forme d’une
loyauté envers une parole donnée. Il s’agit de quelque chose de
sacré, à ne pas prendre à la légère. Au-delà d’une relation de
couple, « le respect de la parole donnée est un des fondements de
l’humanité » ;
ou, du moins, cela devrait être le cas.
Au
cours de l’élaboration d’une histoire commune, l’attachement est
aussi synonyme de mémoire. L’Alliance repose sur un ensemble
de liens invisibles entre les deux partenaires qui se crée et se
renforce avec le temps, à travers les différentes épreuves qu’ils
traversent ; qu’il s’agisse de moments de joie comme de moments de
peine. En effet, les amoureux ne partagent pas la même histoire mais
leurs histoires réciproques doivent s’inscrire l’une dans l’autre.
Ainsi, une séparation des deux entités se révèlerait être une
rupture avec un morceau de soi-même. « L’Alliance, c’est entrer dans
une solidarité telle, que si on la rompt, on se sépare d’une partie
de soi. »
Au lendemain d’une désunion, ce lien peut demeurer fort :
« […] Oui mais on a une histoire entre nous…»
Dans cette perspective, la notion de solidarité se rapproche
plutôt de celle de justice dans le sens d’équilibre. « Ce sont
souvent les manques de justice qui font craquer le couple ! Autant
que les manques de grand sentiment. »
Pour Xavier Lacroix, « la solidarité, c’est l’impossible
indifférence à la souffrance de l’autre, au malheur de l’autre ».
Selon l’auteur, notre culture aurait tendance à laisser la
fécondité en filigrane dans la description d’une relation
amoureuse. « L’enfant vient incarner l’Alliance de l’extérieur, lui
donner consistance. Si l’amour est don, la fécondité sera le don de
ce don, son redoublement, son incarnation. L’enfant sera
l’incarnation la plus naturelle de ce don, mais bien sûr il ne sera
pas la seule. Il y a d’autres formes de fécondité : sociale,
spirituelle, interpersonnelle, communautaire, ecclésiale, etc. »
Le
lien qui unit deux individus s’institutionnalise à travers le
mariage.
Cet acte donne à l’union entre les deux partenaires une dimension
sociale et non plus seulement privée. La relation n’est alors plus
duelle mais implique la participation de différents tiers.
Parallèlement à cela, l’Alliance repose également sur deux appuis
internes. En tant que volonté et désir, le premier de ces
appuis définit l’Amour comme « l’intuition d’un mouvement vers
l’autre qui est beaucoup plus important et fondamental que les aléas
de l’émotion et du sentiment ».
A travers cette conception, l’Amour se voit ainsi octroyer une
dimension de « liberté » incarnée dans la notion de « volonté ».
Ainsi, le philosophe Alain déclarait : « aimer, c’est vouloir
aimer ».
Or, Saint-Thomas et Saint-Augustin définissent la volonté comme
étant une mise en œuvre du désir. « Vouloir, c’est désirer
vraiment. »
Plus particulièrement pour Saint-Augustin, « la volonté n’est rien
d’autre que la puissance d’aimer. L’Amour n’est rien d’autre que la
volonté dans toute sa force. ». Selon le philosophe Gabriel
Madignier, « aimer, c’est vouloir l’autre comme sujet » de son
existence et non comme objet rapporté. Le désir est une source
d’énergie venant compléter la volonté. La notion de « désir » est
centrale et irremplaçable dans la vie d’un couple. Pour perdurer,
cette dernière doit être en mesure de combiner fusion et
individualisme ; assurant l’épanouissement de chacun, ensemble et
séparément.
En
tant que foi et Grâce,
le second appui se trouve être au fondement même de ce que l’on
nomme l’Amour authentique. Ainsi, Gilbert Cesbron déclarait :
« rencontrer l’Amour, c’est la Grâce ; croire en lui, c’est la
foi. ». La foi en l’autre est une forme de pari, « un mystère qui ne
sera jamais épuisé. Un infini au sein même de sa finitude, de ses
limites, de ses défauts. ».
La foi dans le lien lui-même revient à croire en l’intérêt de se
lier. « Croire que le lien sera libérateur. Croire qu’il n’est pas
seulement un moyen au service de l’épanouissement des individus,
qu’il contient en lui-même un bien sans toutefois en faire un
absolu. »
En comparaison, à nouveau, avec le deuil originaire, « le lien est
un trésor »
dans le sens où « il va nous libérer du plus aliénant, du plus
entravant de nos liens, qui est celui qui nous lie à nous-mêmes. La
merveille du lien d’Alliance, c’est qu’il nous délie de nous-mêmes.
En me liant à l’autre, j’apprends à me libérer de moi-même. Je
m’allège de moi-même. J’entre dans une vie nouvelle, qui est une
forme nouvelle de liberté. »
Bien évidemment, un tel échange ne peut avoir lieu que si les
sentiments sont partagés, si la relation est réciproque. « Il
arrive qu’il y ait un gros décalage entre mes sentiments et ceux
qu’éprouvent les filles à qui je plais. Il m’est arrivé d’être
amoureux sans que ce soit réciproque, et vice versa. »
On se lie à quelqu’un qui se lie. Dans la logique du deuil
originaire, à travers « cette écoute réciproque, chacun est libéré
de lui-même, et rendu à lui-même en même temps ».
A cela vient s’ajouter, pour les croyants, la foi dans Celui qui est
le tiers par excellence ; Dieu.
De
plus, les difficultés que rencontre un couple - souvent appelées
« crises » - sont autant d’étapes constructives de l’Alliance.
« C’est pas si facile d’accorder un instrument. Ce sont des choses
qu’il faut analyser pour bien les cerner… C’est pas si simple...
Tout est question d’affinités ! C’est super compliqué. »
Selon Xavier Lacroix, « un couple sans histoires, serait un couple
sans histoire. ». Pour Willy Pasini, même si le couple sert, en
toute logique, « à faire durer l’amour, la tendance veut que l’amour
ne se résume pas à une solidarité des partenaires dans le couple.
Bien au contraire, l’amour « romantique » est le principe qui non
seulement préside au choix du partenaire, mais aussi fonde la
cohésion et la durée du couple ».
A
en croire ces démonstrations, chaque rencontre, chaque histoire est
encline à devenir une relation amoureuse. Une telle théorie
s’opposerait à l’idée du « Grand Amour » qui, dans nos sociétés
actuelles occidentales, n’est d’ailleurs plus forcément une fin en
soi. « Je suis pas du genre à croire en l’Amour. Le piège serait
de me dire qu’il n’y a qu’une personne qui me convient…Faut
chercher, c’est tout. »
Pour Francesco Alberoni,
l’individu amoureux connaît une véritable métamorphose en devenant à
la fois plus humain – car plus sensible à l’être aimé – et plus
distant – car plus indifférent à ce qui l’en éloigne. Cependant,
cette distinction entre « sentiment amoureux » et « Amour » n’est
pas limpide pour tout le monde. En effet, selon Sophie, « quand
on est amoureux, on est amoureux ! Je ne vois pas pourquoi il y
aurait plusieurs niveaux de sentiments amoureux. Ca me dépasse ».
La
morale se compose de règles de conduite, de relations sociales et de
valeurs en vigueur au sein d’un groupe ou d’une société. Cet
ensemble varie selon la culture, les croyances, les conditions de
vie et les besoins d’une société donnée. Les citoyens s’y soumettent
« librement » dans le sens où ils sont conditionnés, socialisés dans
ce but.
Par
ailleurs, la morale est également une science des mœurs en tant que
sujet de réflexion philosophique visant à déterminer le but suprême
de l’homme, son action dans le monde, et la recherche du bonheur
individuel. Il s’agit d’une théorie normative des actions humaines
se concentrant plus particulièrement sur la finalité de l’action et
adoptant une attitude réflexive quant aux questions pouvant se poser
lors du processus de prise de décision. Dans ce sens, la philosophie
distingue trois formes de morale dont les contours peuvent être
assez flous. La méta-éthique est la recherche des origines et du
sens des concepts moraux. La morale normative concerne les
différents critères se rapportant à nos comportements (habitudes,
devoirs, conséquences de nos actes, etc.). La morale appliquée
consiste à mettre en corrélation la méta-éthique et la morale
normative avec des problèmes spécifiques et / ou des prises de
conscience comme l’avortement, l’environnement, les droits des
animaux, le respect de la nature, etc.
La
morale est un élément de régulation de la vie sociale. Elle permet
une certaine coexistence sociale entre et au sein même des
différents groupes. Il s’agit d’un des moyens de pression exercés
par la société sur les individus pour tenter, si ce n’est de
contrôler, d’au moins limiter les tendances égocentriques de la
nature humaine. Si l’on s’appuie sur le doute cartésien, « je pense,
donc je suis », l’homme est conscient de son existence. Cependant,
cette conscience d’être va-t-elle de pair avec un certain libre
arbitre en matière de morale ? Le jugement moral se réfère à
l’ensemble des actes délibérés et réalisés avec une libre volonté.
Or, l’homme étant par nature contraint, ce libre arbitre est loin
d’être total et absolu. En d’autres termes, il s’agit d’un compromis
acceptable entre soi et la société de manière à éviter la
frustration et la culpabilité.
Une
conception objectiviste du fondement de la morale s’oppose à une
conception relativiste. La première défend le fait que les lois
morales qui régissent une société ne dépendent pas de l’être humain.
Selon cette approche, il s’agirait de lois de la nature, de
commandements divins et de lois de la raison auxquelles tout homme
se doit d’obéir pour garantir une bonne alchimie de la vie en
communauté. Ces valeurs morales sont universelles et éternelles. La
main de l’homme ne doit pas intervenir. La seconde considère, quant
à elle, que les valeurs morales trouvent une origine humaine et ce
pour deux raisons fondamentales ; elles sont établies et imposées
par la société ou un des groupes s’y référant et il appartient donc,
par conséquent, aux citoyens de les définir et les préserver en les
respectant. Ainsi, les valeurs morales connaissent des variables en
fonction des sociétés, cultures et groupes auxquelles elles se
rapportent. Le moralisme exprime une préférence face à un certain
style de vie, sexuel ou autre. « Il faut bien suivre un chemin
[…] Les meilleurs chemins que j’ai empruntés ont été ceux dont
j’ignorais l’issue. Faut vivre au jour le jour. »
Pour Jean-François Chassaing, « la morale est une affaire de
rapport à soi ou de perfectionnement de la personne ».
On
parle de ce qui est moralement « bien », acceptable, désirable,
convenable, enviable.
Une
morale amoureuse transcende les conditions et annonce une égalité de
droit à disposer de son cœur et de son corps. L’Amour est un désir
complexe. Il s’agit d’une union entre deux individus. Différents
facteurs interviennent en tant que variables aléatoires dans cette
composition. En premier est la tendresse, forme d’attachement se
rapprochant de l’amitié. Dans cette perspective, la tendresse
s’inscrit dans la durée. Ensuite, vient ce que l’on nomme « le désir
esthétique et érotique d’échanger du plaisir sensible avec
l’autre ». Même officiellement séparé de sa copine, Olivier avoue ne
pas être réellement en mesure de qualifier leur relation actuelle.
« Avec le passé que l’on a, on a beaucoup de mal à garder nos
distances ! C’est une situation très difficile… En même temps, c’est
normal, elle est bien plus que mon ex… » Un peu plus tard,
apparaissent des désirs en commun et des relations partagées lors
d’activités extérieures. « Pour l’instant, on a juste envie de se
voir, sans contact encore. Et c’est ça qu’il faut en attendre… Que
la passion s’installe. »
Tout cela ne fonctionne pas sans valeurs positives compatibles
entre elles mais non identiques.
Les
combinaisons de ces facteurs ainsi que leur intensité sont
constamment mises à rude épreuve. Au sein d’une société libérale
comme la notre, un tel mécanisme suppose certaines « règles du
jeu amoureux ». Lorsque ces dernières s’invitent dans la relation,
elles jouent le rôle du tiers qui cherche la destruction et la
revalorisation de soi par rapport à l’autre en développant
l’hypothèse selon laquelle une relation amoureuse serait sans appel
frustrante et aurait pour seul objectif la domination de l’autre
pour mieux s’affirmer soi-même. « C’est ce que l’on appelle « le
coup fatal de la tierce personne ». »
Même établie, toute relation est fragile, en aucun cas protégée
de ses mutations internes et externes incontournables et
incontrôlables ; liée à la fois à la transformation de la société au
sein de laquelle elle se meut mais aussi et surtout par l’évolution
des deux partenaires à l’intérieur de ce cadre. Comme la plupart des
réalités mouvantes et historiques, la relation amoureuse se trahit
et se contredit elle-même. « Le spectre de la déliaison »
ou « l’insociable sociabilité »
plane constamment au-dessus d’elle. « Avec elle, c’était pas
possible. On n’attendait pas les mêmes choses, on ne met pas les
mêmes idées derrière certains mots. Faut discuter et analyser pour
savoir quoi faire… […] A un moment, on s’est tous les deux dit qu’il
y avait quelque chose de pas naturel… Et voilà : sans issue, on
change de chemin. On est peut-être très proche mais ensemble, on ne
s’épanouit pas… En tout cas, pas maintenant. »
S’investir dans une relation sous-entend une certaine forme de
sécurité. Il convient de bien y réfléchir à l’avance et de se méfier
de ses propres choix. « Si je vois quelqu’un s’emballer direct,
je commence par lui dire « pas d’enflamme ! ». »
Entretenir une relation amoureuse engendre une perpétuelle
incertitude. « L’analyse, c’est très bien et nécessaire, mais
toutes proportions gardées ! Il ne faut pas tout calculer, sinon, on
calcule mal. »
On ne peut jamais être vraiment sûr de ce qu’il faut faire ni
savoir si on a fait ce qu’il fallait et ce au bon moment. Adopter
cette vision des faits revient à nier « les miracles de l’Amour
purement moral » de Lévinas ainsi que l’harmonie sans conflits du
désir purement altruiste. En cela, l’amour ne doit pas être un don
sans contrepartie, ce que l’on nomme « don gratuit comme idéal
éthique ». Il n’est pas plus mauvaise stratégie amoureuse que
l’Amour inconditionnel car ce dernier s’établit de lui-même dans une
position de faiblesse, adoptant un statut de dominé. Or, les
théories à l’image de celle « du don et du contre don »
de Claude Lévi-Strauss, démontrent bien que tout acte, matériel ou
spirituel, sous-tend un intérêt – conscient ou non – pour celui qui
le commet. Selon Raymond Boudon, la théorie du « choix rationnel »
reposant sur un calcul coût / bénéfice est préalable à toute action
humaine. Une relation de don sans réciprocité est tout à fait
inégalitaire et donc indésirable. Dans cette réflexion, cette morale
amoureuse du don de soi à autrui sans retour implicite, par pure
bonté altruiste, ne fonctionnerait et ne serait acceptable si et
seulement si tous les individus la partageaient – ce qui n’est pas
la cas – ; la notion de sacrifice n’appartenant en rien au
vocabulaire de nos sociétés contemporaines.
En
1977, Pascal Bruckner et Alain Finkielkraut dénonçaient la tyrannie
sexuelle et révélaient un « nouveau désordre amoureux ».
La
religion pose Dieu dans le rôle du père, celui qui fixe les règles
et punit ceux qui les transgressent. Il impose sa morale,
religieuse, à celui qui croit en lui. Ce dernier est alors considéré
comme un enfant non doué de raison, ne pouvant savoir seul ce qui
est bien ou mauvais pour lui et pour les autres. Le respect de cette
morale religieuse est un peu à l’image éducative « de la carotte et
du bâton » autour de la dualité « Paradis / Enfer ». La morale
religieuse est plutôt « immorale » dans le sens où les motivations
des actions, conscientes ou inconscientes, se résument à « faire le
bien dans l’espoir de… » et « ne pas faire le mal pour éviter de… ».
Trop souvent, seule la finalité est prise en considération, et non
l’action en elle-même. « Il faut dire que la religion a posé des
bases qui sont importantes mais je crois en l’Homme et non en
Dieu. ».
« Les conduites sexuelles sont régies par des cadres sociaux et
régulées par des institutions. »
L’Eglise est une de ces institutions. Face à de nombreuses autres
religions se rapprochant d’une sacralisation de l’érotisme,
la religion chrétienne se distingue en imposant à ses fidèles une
morale sexuelle austère. Cette doctrine repose, notamment, sur trois
thèmes que sont la condamnation de la chair et le rejet du plaisir,
la confession et la nécessité de l’aveu ainsi que la réglementation
du mariage et l’obligation de la procréation. « On se marie mais
on s’aime pas… »
Cette morale chrétienne s’instaure dès les premiers siècles de
notre ère. L’Ancien Testament se révèle être relativement tolérant
quant à la sexualité. Le Nouveau Testament reste assez discret à ce
sujet. Il se centre sur les notions de chasteté et de célibat en
défendant le mariage monogame et indissoluble. « Monogame, moi,
je suis pour. Mais être polygame n’est pas dans notre culture ; la
religion a construit notre culture. Les Musulmans sont polygames ;
au Maroc, un homme a plusieurs femmes. C’est pas la même culture. Si
des gens veulent l’être, libre à eux mais du point de vue du
mariage, il y a un hic. Après, est-ce que la religion catholique
doit l’accepter, c’est autre chose. »
C’est à partir du IVème siècle que la doctrine de l’église
catholique prend une réelle forme. La réflexion théologique de
Saint-Augustin y participe nettement. La morale sexuelle se précise
et ce notamment autour de la définition de l’acte en lui-même.
« L’accouplement, permis dans le seul cadre du mariage et dans un
but unique de procréation, doit se dérouler sans passion, avec
retenue. »
A l’énonciation de cette citation, Fred adopte un air désabusé et
commente de la manière suivante : « Du genre, on fait l’amour que
pour faire des enfants… »
La théologie de Saint-Augustin repose très largement sur la
notion de « culpabilité » au sens où on l’entend aujourd’hui. De là,
vont être édictés les sept pêchés capitaux, dont la luxure
regroupant l’ensemble des pêchés de chair. « Moi, je trouve que
c’est tellement beau l’acte sexuel que je me demande comment on peut
dire que c’est un pêché. »
A sa manière, Fred propose un élément de réponse : « Faut
vraiment n’y avoir jamais goûté. » Au milieu du XIIIème siècle,
Saint Thomas d’Aquin développe une morale sexuelle paradoxale. En
effet, cette nouvelle éthique entrée en vigueur condamne tous les
rapports sexuels dont l’objectif final n’est pas la procréation.
Aussi étrange que cela puisse paraître, cette recommandation est
d’autant plus vive au sein du mariage. « Ainsi, le plaisir est
permis s’il est la conséquence de l’acte sexuel et non son but.
Selon le raisonnement thomiste, le but du mariage étant la
procréation, le but de l’union charnelle est la procréation et le
plaisir qu’il procure est autorisé. »
Lors de l’annonce de cette affirmation, une mimique se dessine sur
le visage de Fred et s’accompagne de la déclaration suivante :
« C’est un allègement, elle a un peu évolué. Avant, pas de plaisir.
Maintenant, un petit peu est autorisé. » A la fin du XVIème
siècle, l’Eglise rassemble tous ses moyens pour que la morale
catholique oriente la vie quotidienne des fidèles, dont leur vie
sexuelle. « La religion a édicté ses lois pour mieux avoir
d’emprise sur les hommes et les diriger. Tout le monde a des
références religieuses. Après, chacun prend ce qu’il veut. »
L’histoire témoigne d’un processus de renforcement jusqu’au
XXème siècle.
La
religion va loin dans son refus de sexe et de plaisir dans le sexe.
Selon Reich, « une telle éducation anti-sexuelle provoque une
anxiété du plaisir ou peur de l’excitation agréable. »
Marie a engendré Jésus alors qu’elle était vierge ! Et on dit bien
qu’il s’agit d’un miracle comme si « l’immaculée conception »
représentait le moyen de procréation idéal… Parallèlement, l’idée
est renforcée à travers le baptême ayant pour fonction de laver le
nouveau né du pêché originel, le purifier.
On
accorde aujourd’hui plus d’importance aux sentiments de manière
générale et à l’amour, en particulier. L’épanouissement de
l’individu est davantage pris en compte, notamment part le biais de
sa liberté de choix autant au niveau sentimental que sexuel à
travers tout ce qui se rapporte à son intimité ; qu’il s’agisse de
tendresse, d’affection, de plaisir ou encore d’érotisme. « Il n’y
a nulle part écrit qu’il faut limiter ses pulsions… »
Sophie renforce cette idée en ajoutant : « Faut juste profiter de
la vie quand bon nous semble. » Il est tout d’abord nécessaire
et important de mettre au point, sinon le renoncement, du moins la
nette remise en question de la prétendue « révolution sexuelle » de
la fin des années 1960. Ne s’agirait-il pas davantage d’une
révolution des rapports entre les sexes ? Même si Raoul Vaneigem
revendique « une sexualité sans entraves, un déchaînement du plaisir
sans restrictions », « Mai 68, n’a nullement sonné le glas de la
répression sexuelle ».
Par ailleurs, les slogans de l’époque ont fait naître une confusion
dans les esprits autour de la notion de « liberté sexuelle ». En
effet, « disposer librement de son corps » n’est pas synonyme
d’« être à la disposition de tous ». Il s’agit, en fait, plus
globalement, d’une révolution culturelle ; le raccourci de
« sexuelle » étant restrictif sans être réellement exact. En 1991,
se tournant vers cette période, Duby déclare : « tandis que le voile
des conformistes partait en lambeaux, le monde occidental s’aperçut,
il y a peu, que dans son sein les comportements se transformaient :
les manières d’aimer ne sont plus ce qu’elles étaient, ni les
rapports entre le masculin et le féminin. […] C’est le plus
important peut-être des changements qui affectent notre civilisation
à la veille du troisième millénaire. ». Cette description traduirait
davantage une dégénérescence des mœurs dans leur ensemble, plutôt
qu’une simple « révolution sexuelle ». Au début des années 1970, les
enquêtes démographiques mettent en évidence l’importance du
sentiment amoureux dans la construction des unions des jeunes
générations. Le mariage laisse de plus en plus de place à
différentes formes de concubinage dont l’union libre. En 1975, Louis
Roussel considère que cette dernière « constitue un modèle
théoriquement préférable puisque tout y est l’expression d’un amour
spontané et que l’union ne persiste que par un engagement sans cesse
tacitement renouvelé ». La génération « baby-boom »
se révèle plus précoce au mariage et anticipe davantage sa vie
sexuelle que les générations précédentes. Désormais, la déclaration
d’amour devient le rite d’ouverture de la sexualité prénuptiale.
Dans un premier temps, on constate un allongement de la vie
sexuelle ; autant dans les jeunes âges qu’aux âges plus avancés.
L’activité sexuelle se prolonge et les biographies sexuelles ne sont
pas forcément linéaires. Une des particularités contemporaines se
trouve dans une certaine exigence « diffuse et implicite de ne
jamais interrompre ni en finir avec l’activité sexuelle, quels que
soient notre état de santé, notre âge, notre statut conjugal ».
Dans ce contexte contemporain, trois points semblent intéressants à
développer. En premier lieu, une nouvelle normativité de
l’initiation sexuelle est en place depuis quelques décennies. Le
premier rapport sexuel marquant le passage de l’entrée dans la vie
sexuelle dite adulte dépend désormais de l’âge moyen auquel le
groupe de pairs y accède.
D’autre part, une norme relationnelle énonce qu’aujourd’hui, à la
différence d’hier, le premier rapport sexuel est précoce dans le
déroulement de l’histoire d’une relation. Vient ensuite la question
de « l’idéal du premier rapport ». En effet, et ce point de vue
n’est pas exclusivement féminin, contrairement aux a priori,
de nombreuses déclarations témoignent que « si le premier rapport
ne se déroule pas au sein d’une relation amoureuse choisie, il
entraîne des regrets et des conséquences graves pour les relations à
venir ».
Une nouvelle phase se dessine alors dans la vie sexuelle des
citoyens de nos sociétés contemporaines. Il s’agit de la sexualité
juvénile considérée comme étant une période d’activité sexuelle mais
transitoire entre l’accès à la sexualité dite adulte et la vie
conjugale. Les choses se modifient autant dans les faits que dans
les gestes. Les envies et les besoins à satisfaire ne sont plus les
mêmes. Penser à quelqu’un ou lui tenir la main sont autant d’actes
qui, aussi innocents qu’ils semblent être, contiennent déjà une
parcelle de désir sexuel. Ruwen Ogien et Jean-Cassien Billier se
questionnent justement sur la nature de ce qui intervient dans ce
processus de découverte de l’autre, provoquant le désir et l’envie,
à un moment donné, de le découvrir sexuellement et non plus
platoniquement ou spirituellement. Qui dit « sexuel » n’entend pas
forcément « génital ». « Puisque nous pouvons prendre du plaisir
autrement que par pénétration, pourquoi ne pas le faire ? »
Sinon, bon nombre de pratiques à caractère excitatrices comme
les strip-teases, la fellation, la masturbation, la sodomie, etc. ne
devraient pas être caractérisées de « sexuelles ». « Les
préliminaires sont importantes, elles permettent de faire monter
l’excitation. C’est déjà très bien comme échange ; les sensations
éprouvées sont déjà fortement agréables. »
C’est également en cela que certaines pratiques juvéniles
peuvent être qualifiées de « sexuelles » sans pour autant englober
de rapports sexuels complets.
Les
trajectoires, attitudes, comportements et expériences sexuelles se
sont aujourd’hui fortement diversifiées et modifiées. A tel point
qu’il n’est pas étonnant voire « de plus en plus adéquat de parler
d’individualisation des comportements sexuels et d’entendre des
spécialistes de différentes disciplines évoquer l’individualisation
des normes sexuelles ».
Pour Jacques Marquet, les pratiques sexuelles obéissent à un nouvel
ensemble de normes reposant sur ce que l’on nomme « démocratie
sexuelle ». Jeanine Mossuz-Lavau parle de « démocratisation
sexuelle » à travers la diffusion et l’incorporation de plus en
plus répandue de modèles de vie sexuelle qui auraient autrefois
valus le surnom de « libéré » à celui qui les pratiquait. En
s’appuyant sur les réflexions de Michel Foucault, Eric Fassin vient
compléter ses approches « en tenant compte des possibilités de
retournement de cette démocratie sexuelle ».
La démocratisation sexuelle vient heurter la notion de morale au
plus profond de sa définition dans le sens où la sexualité est de
plus en plus « contrôlée » en référence à « l’atteinte aux personnes
concrètes, plutôt qu’à des valeurs ou des entités abstraites » ;
autrement dit à tout ce qui se rapporte au non-respect de la dignité
humaine. La notion de démocratie sexuelle viendrait alors prendre
tout son sens autour de ces modèles d’attitudes et de pratiques
sexuelles.
En
matière de sexualité, la morale tend de plus en plus à céder sa
place au bien-être individuel et social. Deux notions viennent alors
se greffer au débat : celle de « santé sexuelle » et celle de
« comportement responsable ». Cela traduit réellement une
individualisation et une intériorisation de la question de la
sexualité au sein de nos sociétés contemporaines.
Michel Foucault critique « l’hypothèse répressive » ; « idée commune
selon laquelle le seul élément qui affecterait les manifestations de
la sexualité humaine serait le degré de répression auquel la pulsion
sexuelle est soumise »
En inventant la psychanalyse, Freud reprend la notion de libido et
fait émerger le fait que plus un individu consacre son énergie au
travail, moins il ressent de désir et plaisir et donc « d’appétit
sexuel » ; et inversement.
« Le désir est le souhait de consommer »,
une sorte de passage à l’acte, un moyen plus intime de témoigner son
amour physiquement. Il est à l’origine de la sexualité physique en
tant que tel. « Le désir est l’irrépressible envie, une impulsion,
une tentation, n’exigeant que la présence de l’altérité. »
Les sentiments ne sont pas forcément nécessaires, seule la présence
physique d’un autre corps suffit. « Faut savoir profiter, prendre
du plaisir où y en a… Toujours dans le respect mutuel, bien sûr mais
ne pas se brider dans ses expériences et ses relations est
primordial pour un bon développement de sa personne à tous
niveaux… »
Définir la sexualité et les pratiques qui en découlent est chose
assez délicate. Phénomène naturel, il est cependant codifié, comme
tout acte social, à partir du moment où il concerne plusieurs
individus et qu’il est pratiqué dans un ensemble social, tout en
faisant référence à d’autres notions qui sont de pures constructions
humaines. Ainsi, il n’y aurait aucun adultère, aucun inceste ni
aucune homosexualité sans les notions de référence d’alliance, de
filiation ou de genre. L’exhibitionnisme n’aurait aucun sens sans
séparation de la sphère privée et de la sphère publique.
Un état des lieux…
Dans la seconde moitié du XXème siècle, les comportements sexuels,
« scénarios intimes »
font l’objet d’enquêtes quantitatives approfondies ayant pour
ambition d’analyser l’activité sexuelle dans son ensemble. Les
différentes pratiques varient en fonction de divers facteurs
déterminants comme l’âge, la connaissance du partenaire et des
différentes composantes d’une relation sexuelle, la fréquence des
rapports, le temps nécessaire évalué pour l’obtention d’orgasme, les
fantasmes ainsi que le jugement personnel et sociétal. Il s’agit de
recenser les mœurs sexuelles des individus d’une société ou d’un
groupe donné.
En
1948, aux Etats-Unis, l’enquête sociologique de Kinsey
montre – à partir des questionnements de ses étudiants sur leurs
problèmes sexuels – un décalage entre la morale sexuelle américaine
et les pratiques effectives. Il relève toutes les pratiques et
positions sources de plaisir permettant d’atteindre l’orgasme :
pollutions nocturnes,
masturbation, flirt hétérosexuel, coït hétérosexuel, rapports
homosexuels, zoophilie, etc. Il se penche sur l’ensemble des actes
sexuels effectifs sans dichotomie entre les « sains » et les
« malsains ». En effet, pour la plupart des individus, il est
important de changer régulièrement de pratiques et de positions pour
varier les plaisirs. « La monotonie et les habitudes lors du
rapport sexuel, le manque de « surprises », est à mes yeux, ce qui
trouble le plus l’appréciation du moment, en dehors de l’acte en
lui-même. »
Mais dans la société américaine des années 1950, même les pratiques
sexuelles conjugales sont fortement réglementées. « Les
attouchements des parties génitales et les attouchements buccaux,
aussi bien que le coït anal sont punissables comme crimes, qu’ils
aient lieu au cours de rapports hétérosexuels ou homosexuels, dans
le mariage ou en dehors. »
L’émergence des mœurs dites phanérogames trahie une libre pratique
de toutes les formes d’amour. Cependant, la répétition des
expériences est tolérée pour les jeunes hommes alors qu’elle ne
l’est pratiquement pas lorsqu’il s’agit de jeunes filles.
L’entrée dans la sexualité dite adulte se définit par le premier
rapport sexuel complet. Même si les relations sexuelles juvéniles
sont à la fois précoces « en âge » et interviennent tôt dans la
relation, le premier rapport sexuel reste un acte « sacré » ;
charnière entre deux étapes de vie. Olivier se souvient avoir
conseiller une amie en lui disant : « Comme ce serait la première
fois pour toi ; soit tu sais ce que tu fais, auquel cas ce ne serait
que pur bonheur ; soit tu sais pas trop, auquel cas, tu prends le
risque d’en souffrir. » Ainsi, il est important d’être sûr de
soi, de son partenaire, du moment, etc. « N’étant pas forcément
mûre, ces expériences ont été dans leur ensemble négatives, à tel
point que j’avais parfois l’impression de subir des relations
auxquelles je participais pourtant de mon plein grès. Jusqu’à il y a
peu, je regrettais la plupart de mes aventures. »
Pour la majorité des Français, le sexe ne se dissocie que rarement
de l’amour. « Il ne s’agit point du même registre… d’où mon
impossibilité à recourir à la comparaison. »
En effet, ils associent spontanément le fait d’être amoureux (52
%), loin devant la notion de plaisir (21 %) ou le rapport sexuel en
lui-même (8 %). Certains, comme Aurélia, vont même jusqu’à faire
directement le rapprochement avec la notion de famille. Dans le même
ordre d’idée, à l’image de Sophie-Anne et Pierre, 87 % des femmes
et 80 % des hommes, considèrent avoir besoin d’éprouver un sentiment
amoureux pour passer à l’acte sexuel. Bien entendu, comme il l’a été
développé dans la première partie de cette note de recherche, il
s’agit bien de « sentiment amoureux » et non forcément d’« Amour »
mais cela est tout de même notable. « C’est clair qu’il ne faut
pas coucher avec n’importe qui mais dès l’instant qu’il y a des
sentiments, il faut y aller. »
La démarche est logique dans le sens où la découverte de l’autre
et la bonne entente sexuelle est indispensable à l’évolution du
couple et la transformation du « sentiment amoureux » partagé en
« Amour » véritable. D’ailleurs, cette fusion sur le plan sexuel
peut se révéler être un important handicap de séparation. « Plus
d’un an après notre rupture, il nous arrive encore de nous retrouver
sur ce plan-là. Pourtant, c’est bien mon ex. »
Ayant traversé la même épreuve, Olivier compatit et renforce l’idée
:
« chacun avait d’autres aventures mais pour elle comme pour moi,
c’était quand on se retrouvait ensemble que c’était de loin le
mieux. » De plus, lors du rapport sexuel, les émotions sont
privilégiées sur le plaisir purement physique.
Sophie-Anne et Pierre, notamment, insistent même sur le fait que ce
sont, non seulement les émotions et les sentiments qui sont mis en
avant lors de leurs relations sexuelles ; mais également le plaisir
physique de leur partenaire. Par cette hiérarchie des priorités, ils
désirent sûrement exprimer leurs sentiments et leurs émotions à
travers le plaisir physique qu’ils peuvent procurer à leur
partenaire. Un tel comportement a recours à la sensualité pour
témoigner de sa reconnaissance des valeurs liées au plaisir et au
désir. « Si tu désires pas le mec, à quoi ça sert de passer à
l’acte ? Si tu désires un mec et que vous sortez ensemble, tu y vas
et puis c’est tout. »
Ainsi, comme Audrey et Olivier, sept Français sur dix
considèrent « qu’avec leur partenaire, le désir est toujours aussi
fort qu’avant ». Tout cela démontre bien une importance plus grande
accordée aux sentiments qu’à l’acte sexuel en lui-même. Dans cette
logique, de nombreux couples peuvent organiser des soirées et / ou
sorties romantiques sans forcément qu’elles se terminent par une
relation sexuelle. En effet, même si une différence est notable
entre les hommes et les femmes, 46 % des Français estiment seulement
« gênant » de ne pas faire l’amour durant plusieurs mois d’affilés.
« Ah ben moi, mes réactions ne sont pas calculées, anticipées ou
quoi que ce soit… C’est naturel… Quand ça semble logique, je le
fais. »
Pour une large partie de la population, l’amour rimerait avec
altruisme dans le sens où 78 % des individus chercheraient
quasi-systématiquement à donner plus de plaisir à son partenaire et
52 % à le surprendre. Il est clair que l’intérêt va davantage vers
le plaisir donné que vers le plaisir reçu et ce pour 44 % des
Français. Il semble évident qu’un tel échange est pour le moins
idéal ; chacun se préoccupant des ressentis et désirs de l’autre. Et
cela se vérifie car pas moins de 84 % des individus interrogés
estiment que leur partenaire sait les satisfaire pleinement et 81 %
considèrent combler pleinement leur partenaire. En conclusion, les
Français semblent tout à fait satisfait de leur vie sexuelle. Les
citoyens s’annoncent sexuellement modestes en déclarant, pour 72 %
d’entre eux, avoir « encore des choses à apprendre ». Il arrive que
le problème soit géré différemment : « Savoir si on a envie d’un
peu de sérieux, c’est après avoir partagé plein d’expériences
différentes, sexuelles et autres, que l’on en juge… Avec ma copine
actuelle, c’est après avoir déliré dans plein de trucs que l’on a pu
juger d’une éventuelle compatibilité. »
D’une certaine manière, Sophie semble partager ce point de vue :
« Moi, le premier soir, je ne voulais pas aller jusqu’au bout…
Dure journée, dure semaine : trop de fatigue…Pourtant, mon copain
avait envie et il m’a transmis le fluide… C’est pas plus
compliqué ! ».
Il
semble indispensable de pointer du doigt la notion de viol. Il
s’agit d’un « acte visant l’humiliation, la destruction de la
personnalité, la négation de la femme agressée ».
Crime sadique, viol collectif, droit de cuissage,
inceste, rapport sexuel contraint ou abus de confiance ; le viol
porte toujours atteinte à l’intégrité de la personne violée. La loi
de 1980 le définit comme « tout acte de pénétration sexuelle, de
quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui, par
violence, contrainte, menace ou surprise ». Jusqu’à cette
réglementation précise, la pénétration vaginale était la seule
agression sexuelle considérée comme un viol et ce à la seule
condition d’être en mesure d’apporter une preuve irréfutable de non
consentement de la femme violée. A propos du harcèlement sexuel, la
loi précise que « le fait de harceler autrui dans le but d’obtenir
des faveurs de nature sexuelle est puni ». En 1994, Louis fait un
parallèle avec le concept de « séduction dolosive »
relevant de l’abus de pouvoir ou de la tromperie.
Le
VIH est identifié en 1983. Il s’agit du Virus d’Immunodéficience
Humaine dont l’issue est mortelle. Les premières années suivant la
découverte, certains populations comme les Haïtiens, les hémophiles
et les héroïnomanes étaient considérées comme plus particulièrement
à risque de contamination.
Cependant, c’est sur la population homosexuelle que l’opinion
publique s’est particulièrement acharnée. Les comportements
préventifs des homosexuels débutent dès 1983. En 1987, 50 % ont
testés leur sérologie. De plus, leurs pratiques sexuelles ont connu
quelques modifications dont l’adoption du « safer sex » consistant
au renoncement de la pénétration ou à l’usage systématique du
préservatif. Ce n’est qu’à la fin des années 80, lorsque la
population dans son ensemble prend conscience que tout le monde peut
être contaminé, que la stigmatisation et le mépris vis-à-vis de la
population homosexuelle se transforme en compassion. Il s’agit là de
la première étape vers une certaine reconnaissance sociale qui,
vingt ans plus tard se révèle ne toujours pas être concrètement
effective.
La
première campagne de prévention a lieu en 1987. S’adressant en
priorité aux jeunes, le slogan est le suivant : « Le SIDA ne passera
pas par moi ». En 1989, l’Education nationale instaure un dispositif
d’information et de prévention au sein des établissements scolaires.
Au cours des années 1990, certains chefs d’établissement, soutenus
par quelques délégations de parents d’élèves, manifestent leur
réticence ; plus particulièrement concernant l’installation de
distributeurs de préservatifs dans l’enceinte des établissements. La
conséquence directe se fait sentir à travers une inégalité entre les
jeunes en fonction des établissements scolaires fréquentés. Face à
90 % de premiers rapports avec préservatifs en 1997 contre 8 % en
1987, on constate, une quasi-disparition des premiers rapports non
protégés, considérés comme « déviants » ou « problématiques ». Cela
contribue à l’instauration d’une attitude socialement responsable au
sein d’une relation de nature pourtant toujours aussi incertaine
qu’avant.
Dans les années 1991 - 1992, l’affaire du sang contaminé ancre
définitivement le SIDA dans un problème de santé sociale devant
concerner tout le monde car de fait, pouvant toucher manifestement
l’ensemble de la population – y compris les enfants – aucune
catégorie sociale ne semble épargnée. L’épidémie prend alors une
autre dimension que celle la liant à la sexualité et à la
toxicomanie. Ainsi, le regard de l’opinion publique se modifie et
les esprits tendent à s’ouvrir un tant soit peu.
En
1991, Pollak et Schiltz analysent ce phénomène comme renforçant la
recherche de l’identité sociale se révélant être un facteur non
négligeable de lutte contre ce fléau car « pour que le risque
d’infection par le VIH devienne individuel, il faut que l’individu
s’identifie au collectif avec qui il partage un même degré
d’exposition au risque ».
A
l’heure actuelle, l’usage, notamment, du préservatif très répandu et
quasiment systématique chez les jeunes témoigne de leur sensibilité
toute particulière vis-à-vis des risques de transmission du SIDA.
Les huit jeunes interrogés s’entendent sur le fait que : « Il n’y
a pas de mal à se faire du bien mais faut se protéger… »
La religion catholique ne remet pas en question son point de vue. Au
contraire, dès 1968, pleine période de révolution sexuelle, Paul VI
déclare que l’Eglise condamne toute méthode contraceptive, chimique
ou mécanique (dont le préservatif !), et revendique une utilisation
plus fréquente des méthodes naturelles comme l’abstinence
périodique. Jean-Paul II maintiendra ce discours.
Les
données récemment publiées par l’INVS
mettent en lumière l’augmentation du nombre de cas de SIDA déclarés,
notamment concernant les jeunes. A la fin de l’année 1998, le
premier indice de baisse de la prévention contre le virus a été la
diminution du nombre de préservatifs vendus. En 2001, une enquête
sur les connaissances, les attitudes, les croyances et les
comportements face au VIH / SIDA témoigne d’une baisse de la
protection : « par rapport à leurs aînés, les jeunes apparaissent
moins sensibilisés au VIH / SIDA, craignent certes le risque de
contamination par le VIH mais de façon beaucoup plus diffuse et
moins précise. » L’importante médiatisation concernant le virus, au
cours des années 1980 et au début des années 1990 n’a pas connu
d’écho auprès de la nouvelle génération. De plus, l’apparition des
multi thérapies permettant un espoir de survie joue sûrement un rôle
dans ce relâchement de la prévention et de la protection contre le
virus. Depuis 1998, l’insouciance juvénile s’aggrave. En effet, en
2004, 25 % des jeunes ne se sentaient toujours pas concernés.
L’enquête de Lagrange et Lhomond
a fait ressortir qu’au début des années 1990, l’utilisation du
préservatif « n’était certes pas continue et que, au-delà du fait
que la stabilité d’une relation pouvait justifier son abandon, les
comportements de prévention étaient déjà marqués par des zones
d’ombre et des prises de risques potentielles ». En dehors des
individus vivant en couple ou ceux se déclarant spontanément non
concernés par la question, seuls 59 % des 15 - 24 ans avaient
recours au préservatif de manière systématique. Entre janvier 1998
et juin 2000, 11, 5 % de nouveaux cas ont été diagnostiqués chez les
jeunes de 15 - 29 ans. En 2004, on comptait près d’un cinquième des
16 - 20 ans ayant eu des rapports sexuels non protégés avec un
nouveau partenaire au cours des douze derniers mois. La différence
de comportement entre les sexes concernant cette question n’est pas
significative.
La
« génération SIDA », comme il est convenu, semble-t-il de désigner
les générations de jeunes des années 1990, se trouve face à une
remise en question d’une liberté sexuelle pourtant nouvellement
acquise.
L’Amour peut à la fois être la plus belle et la plus incroyable
comme la plus cruelle et la plus détestable des relations humaines.
« L’amour n’est beau, et on pourrait même dire, l’amour n’est, que
lorsqu’il est réciproque ! Cette notion de réciprocité en amour est
essentielle. Elle est complétée par celle de spontanéité. Ce qui
revient à dire qu’il n’y a amour que dans la mesure où naît
spontanément un sentiment d’attirance réciproque. Seul un tel amour
est vrai. Tout ce qui n’est pas cela, autrement dit tout ce qui est
à sens unique et qui nécessite forcément poursuites, insistance,
abus de confiance, contrainte, chantage est, à franchement parler,
écoeurant ! »
En effet, dans un cas de non-réciprocité, l’Amour n’est que
souffrance, décadence, déchéance, domination et cruauté inutiles.
Même s’il est « humain » de rêver à un amour absolu, il est
totalement déconseillé de chercher à le réaliser sous peine de voir
ce rêve devenir cauchemar. Est dominé en Amour celui qui aime
« plus » que l’autre. «« Je ne pense pas qu’on puisse « trop »
aimer. On peut mal aimer, ou être mal aimé ou pas assez, mais jamais
trop. Ce n’est pas de trop aimer qui fait mal mais c’est de ne pas
l’être autant. Tu aimes plus, mais pas trop. L’autre n’aime pas
assez. »
De
nos jours, il existe une certaine ambiguïté au sein du contexte
sexuel français car certains individus recherchent une union
égalitaire et fusionnelle tout en cumulant des expériences
amoureuses et sexuelles nombreuses et éphémères. La sexualité est
importante dans la vie des Français.
Ces derniers semblent attacher autant d’importance aux sentiments
qu’au plaisir, à la satisfaction du partenaire tout autant qu’à la
leur. Une sorte d’harmonie règnerait dans le pays entre vie sexuelle
et vie amoureuse. A l’heure actuelle, « l’amour réciproque fonde le
couple, lieu de la construction de soi. »
Le couple se forme à partir d’un désir réciproque, se voulant, dans
l’idéal, égalitaire entre les deux partenaires. Le cycle sexuel se
restreint beaucoup moins lui-même en référence à une forme
« d’illégitimité » morale qu’elle soit religieuse ou sociale. Les
deux principaux piliers du contexte normatif et social contemporain
sont la fidélité et la performance sexuelle ; l’engagement semblant
avoir une double face « amoureux / sexuel ». Le statut normatif va
de paire avec les évolutions morales.
« Tout est possible, l’amour sans sexualité qu’on appelle amour
platonique
ou la relation sexuelle sans amour ».
Zygmunt Bauman, L’amour liquide – de la fragilité des liens entre
les hommes,
Essais, Le Rouergue/ Chanbon, 2004.
Claude
Habib, Le consentement amoureux, Editions Hachette,1998
Jaspard, Sociologie des comportements sexuels, Repères, La
Découverte, 2005
Xavier
Lacroix, Les mirages de l’amour, Bayard /Centurion,
1997
Jeanine Mossuz-Lavau, la vie sexuelle en France, Points Seuil
(1285), 2005
Jacques Marquet (sous la direction de), Normes et conduites
sexuelles – approches sociologiques et ouvertures disciplinaires,
Famille couple sexualité,n° 26,Academia Bruylant.
Ruwen
Ogien et Jean Cassien-Billier (sous la direction de), Comprendre
la sexualité, PUF, 2005
Sigmund Freud, « La morale sexuelle « civilisée » et la maladie
nerveuse des temps modernes »
Georges Krassovsky, De l’amour in Esprit Libre
(périodique)
Xavier
Lacroix, « Du sentiment amoureux au lien d’Alliance »,
Conférence donnée lors d’un rassemblement « CANA » pour couples à
Tigery (91),1996,
(Transcrite par François de Muizon).
Claudine Viala, « Les failles de la relation amoureuse »,
http://www.psychodoc.fr/failles.php
Olivier : jeune homme de 27 ans, en couple depuis quatre
mois.
Durée de l’entretien : 3 h.
Audrey : jeune femme de 23 ans, en couple depuis six mois.
Durée de l’entretien : 1 h 20.
Pierre : jeune homme de 29 ans, célibataire.
Durée de l’entretien : 2 h 25.
Sophie-Anne : jeune femme de 25 ans, célibataire.
Durée de l’entretien : 1 h 45.
Benoît : jeune homme de 25 ans, célibataire.
Durée de l’entretien : 2 h 15.
Sophie : jeune femme de 25 ans, célibataire.
Durée de l’entretien : 1 h.
Aurélia : jeune femme de 25 ans, en couple depuis cinq
ans.
Durée de l’entretien : 1 h 30.
Fred : jeune homme de 30 ans, en couple depuis six ans.
Durée de l’entretien : 2h.
Enquête
« Sexualité, amour, désir et sentiments »
Ipsos et « Le Figaro Magazine »
24 janvier 2000
http://www.ipsos.fr/CanalIpsos/articles/316.asp
La place du sexe
dans la société
Si je vous dis le mot « sexe », quels sont les
trois mots, adjectifs ou expressions, qui vous viennent à l’esprit ?
De façon générale, personnellement, êtes vous tout
à fait favorable, plutôt favorable, plutôt défavorable ou très
défavorable…
Au minitel rose
A l’accès par Internet à des sites
pornographiques
A la diffusion de films pornographiques
à la télévision
Aux femmes nues dans la publicité
Aux hommes nues dans la publicité
Parler de
sexualité
D’une manière générale, est-ce que cela vous gêne
ou est-ce que cela vous gênerait de parler de sexualité, avec…
Votre conjoint(e)
Vos parents
Vos enfants
Vos ami(e)s ou copains(ines)
L’apprentissage
de la sexualité
Quand vous étiez enfant ou adolescent, avez-vous
parlé en famille…
Des moyens de contraception
De la façon de faire l’amour
Des maladies sexuellement
transmissibles
De la façon de concevoir un enfant
Des sentiments amoureux
Qu’est-ce qui a joué le plus grand rôle dans votre
découverte de la sexualité ?
Vos expériences et votre
pratique
Des discussions avec des ami(e)s
La lecture de magazines, de livres
Des discussions avec votre famille
L’éducation sexuelle à l’école
La télévision
Rien de cela
Autres
Pensez-vous que pour des parents, parler de
sexualité à ses enfants est…
Indispensable
Souhaitable, mais pas indispensable
Pas souhaitable
La place de la
sexualité et du désir dans la vie des individus
Dans la journée d’hier, combien de fois avez-vous
pensé à quelque chose ayant à voir avec le sexe ?
0
1
2
3
Entre 4 et 5 fois
Plus de 6 fois
Aujourd’hui, dans votre vie, votre sexualité
est-elle un élément…
Essentiel
Très important
Assez important
Pour vous, ne pas faire l’amour pendant plusieurs
mois est une chose que vous trouveriez ou que vous trouvez…
Insupportable
Gênante
Pas du tout gênante
Pour avoir une relation sexuelle, avez-vous besoin
d’éprouver un sentiment amoureux pour votre partenaire ?
Oui
Non
En dehors de votre conjoint, est-ce qu’il vous
arrive d’éprouver du désir…
Pour des ami(e)s, des proches, des
personnes que vous connaissez
Pour des inconnu(e)s, des gens que vous croisez par hasard
Pour des personnalités connues
(acteurs, chanteurs, etc…)
Quand vous faîtes l’amour, qu’est-ce qui est le
plus important ?
Les émotions, les sentiments
Le plaisir physique
Les deux
L’acte
Et qu’est-ce qui est pour vous le plus important…
Le plaisir que vous recevez
Le plaisir que vous donnez
Les deux
Lors d’un rapport sexuel, est-il important pour
vous que votre partenaire sexuel atteigne l’orgasme ?
C’est essentiel
C’est important
C’est peu important
Ce n’est pas important du tout
Et lors d’un rapport sexuel, est-il important que
vous-même atteignez l’orgasme ?
C’est essentiel
C’est important
C’est peu important
Ce n’est pas important du tout
Lorsque vous faîtes l’amour, parmi les cinq sens,
quels sont les deux plus importants pour vous ?
Le toucher
La vue
L’odorat
L’ouïe
Lorsque vous faîtes l’amour, vous avez tendance à…
Chercher à surprendre votre partenaire
Toujours
Souvent
Rarement
Jamais
Chercher à donner plus de plaisir
qu’auparavant à votre partenaire
Toujours
Souvent
Rarement
Jamais
Dire à votre partenaire ce que vous
souhaitez qu’il vous fasse
Toujours
Souvent
Rarement
Jamais
Demander à votre partenaire ce qu’il
souhaite que vous lui fassiez
Toujours
Souvent
Rarement
Jamais
Pour vous, les préliminaires doivent-ils être…
Les plus longs possibles
Les plus courts possibles
Que faîtes-vous, en général, après avoir fait
l’amour ?
Vous vous lavez
Vous vous endormez
Vous fumez une cigarette
Vous buvez ou vous mangez
Vous recommencez
Vous regardez la télévision
Autre
Après avoir fait l’amour, dans quel état d’esprit
êtes-vous ? Diriez-vous que vous êtes en général…
Plutôt gai(e)
Plutôt triste
Ni l’un, ni l’autre
Combien de positions sexuelles différentes
pratiquez-vous ?
0
1
2
3
4
5
Plus de 6
La satisfaction
à l’égard de la vie sexuelle
Si vous deviez donner une note de 0 à 10 à votre
vie sexuelle actuelle, 0 voulant dire que vous n’êtes pas du tout
satisfait, 10 que votre satisfaction dans ce domaine est totale, quelle
serait cette note ?
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
En pensant à votre vie sexuelle actuelle,
souhaiteriez-vous en priorité…
Des rapports sexuels plus fréquents
Davantage de désir de la part de votre
partenaire
Des rapports sexuels de meilleure
qualité
Davantage de partenaires sexuels
Rien de cela
Dans la liste suivante, qu’est-ce qui selon vous
porte le plus atteinte à la qualité de votre sexualité actuelle ?
Le stress
Les problèmes quotidiens
L’âge
La monotonie, les habitudes
Le fait d’avoir des enfants
Votre éducation
La difficulté à trouver un partenaire
Rien de cela
Autres
Diriez-vous qu’avec votre partenaire…
Le désir sexuel est toujours aussi fort
qu’avant
Oui, tout à fait
Oui, plutôt
Non, plutôt
Non, pas du tout
Vous avez sexuellement des goûts
identiques ou très proches
Oui, tout à fait
Oui, plutôt
Non, plutôt pas
Non, pas du tout
Il sait vous satisfaire pleinement
Oui, tout à fait
Oui, plutôt
Non, plutôt pas
Non, pas du tout
Vous savez le satisfaire pleinement
Oui, tout à fait
Oui, plutôt
Non, plutôt pas
Non, pas du tout
Avez-vous le sentiment qu’en matière de sexualité…
Vous avez encore des choses à apprendre
Vous n’avez plus rien à apprendre
Qu’est-ce qui, lorsque vous pensez à votre
sexualité, vous fait le plus peur ?
Le vieillissement
Les maladies sexuellement
transmissibles
Le fait de ne plus être désirable
La panne, l’absence momentanée de désir
L’impuissance, la frigidité
La baisse du nombre de rapports
Rien de cela
Autres
Quels sont selon vous les meilleurs remèdes à la
baisse du désir ?
Une discussion avec son ou sa
partenaire
La recherche de nouvelles positions
amoureuses
La réalisation de vos fantasmes
La consultation d’un sexologue
Le changement de partenaire
La lecture de magazines pornographiques ou le visionnage de
cassettes pornographiques
Autre
Les moyens de contraception ont-ils fait évoluer,
selon vous, les relations entre hommes et femmes ?
Oui, beaucoup
Oui, un peu
Non, pas vraiment
Non, pas du tout
Si oui, selon vous, à qui a profité cette
évolution ?
Plutôt aux hommes
Plutôt aux femmes
Aux deux
Les hommes sont-ils d’après vous perturbés par
cette évolution ?
Oui, beaucoup
Oui, un peu
Non, pas vraiment
Non, pas du tout
Désirs et
fantasmes
Pur chacune des situations suivantes, dites-moi
quelle est la phrase qui vous correspond le mieux ?
Faire l’amour à plusieurs
Déjà fait
Pourquoi pas ?
Moi, jamais
Faire l’amour avec quelqu’un du même
sexe que vous
Déjà fait
Pourquoi pas
Moi, jamais
Faire l’amour sans préservatif avec quelqu’un que vous venez
de rencontrer, depuis l’apparition du SIDA
Déjà fait
Pourquoi pas ?
Moi, jamais
Faire l’amour dès la première
rencontre, le premier jour
Déjà fait
Pourquoi pas ?
Moi, jamais
Avoir plusieurs partenaires sexuels
dans la même période
Déjà fait
Pourquoi pas ?
Moi, jamais
Faire l’amour avec quelqu’un d’autre
que votre conjoint(e) ou votre ami(e)
Déjà fait
Pourquoi pas ?
Moi, jamais
Faire l’amour avec une personne pour
laquelle vous n’éprouvez aucun sentiment
Déjà fait
Pourquoi pas ?
Moi, jamais
Sexualité et
SIDA
Diriez-vous que depuis un ou deux ans votre
prudence s’est plutôt renforcée, s’est plutôt relâchée ou qu’elle n’a
pas changé vis-à-vis du SIDA ?
S’est plutôt renforcée
S’est plutôt relâchée
N’a pas changé
Le gouvernement a annoncé récemment la mise à
disposition, dans les infirmeries des lycées, de la pilule du lendemain
destiné aux jeunes filles risquant une grossesse et ne pouvant pas en
parler à leurs parents. Approuvez-vous ou désapprouvez-vous cette
initiative ?
Vous l’approuvez tout à fait
Vous l’approuvez plutôt
Vous la désapprouvez plutôt
Vous la désapprouvez tout à fait
Activités
sexuelles lors du dernier rapport hétérosexuel
Répondez par oui ou par non aux items suivants :
Vous vous êtes caressés le corps
mutuellement
Votre partenaire vous a masturbé
Vous avez masturbé votre partenaire
Votre partenaire s’est masturbé
Vous vous êtes vous-même masturbé
Avez-vous pratiqué la fellation ?
Avez-vous pratiqué le cunnilingus ?
Votre partenaire a mis
ses doigts dans votre vagin ou vous avez mis vos doigts dans le vagin de
votre partenaire
Avez-vous pratiqué la pénétration
vaginale ?
Avez-vous pratiqué la pénétration
anale ?
Quelques
questions supplémentaires…
A quel âge vous souvenez-vous avoir ressenti votre
premier émoi amoureux ?
A quel âge avez-vous échangé votre premier baiser
(smack) ?
A quel âge avez-vous échangé votre premier baiser
profond ?
A quel âge avez-vous échangé vos premières caresses
du corps ?
A quel âge avez-vous pratiqué le coït, pour la
première fois ?
A quel âge avez-vous effectué votre premier rapport
sexuel complet ?
A quel âge avez-vous éprouvé votre premier orgasme
sexuel ?
Quel a été la fréquence de vos rapports sexuels au
cours des quatre dernières semaines ?
A ce jour, combien de partenaires
comptabilisez-vous ?
Lors des cinq dernières année ?
Depuis douze mois ?
Avez-vous pratiqué au moins une fois au cours de
votre vie les pratiques suivantes… ?
Précisez si ce fut « subi », « actif » ou « mutuel ».
Masturbation
Fellation
Cunnilingus
Sodomie
Au cours de votre vie, avez-vous pratiqué les
expériences sexuelles suivantes… ?
Activités sexuelles non physiques
Voir un film ou spectacle
pornographique
Lire un journal ou un
ouvrage pornographique
Utiliser une messagerie
rose, par Minitel, téléphone ou Internet
Activités sexuelles rares
Avoir des rapports sexuels
avec deux personnes en même temps
Pratiquer l’échange de
partenaires entre couples
Utiliser un objet pour
obtenir une excitation sexuelle
Classez les propositions suivantes de manière à
définir votre perception de l’Amour et de la sexualité (certaines
peuvent se retrouver dans les deux catégories)
Echange mutuel
Quelque chose qui fait peur
Plaisir physique
Se donner entièrement
Le mariage
Le désir de l’autre
Une découverte
Un jeu
Se distinguer
Etes-vous en accord avec les affirmations
suivantes… ?
On peut avoir des rapports avec
quelqu’un sans l’aimer
L’attirance sexuelle conduit forcément
à faire l’amour avec quelqu’un
Un rapport sexuel est plus satisfaisant
quand on s’aime
L’amour se construit lentement jour
après jour
Faire l’amour, c’est faire un avec
l’autre
Faire l’amour, c’est faire don de soi
L’amour se révèle subitement par un
coup de foudre
Dans un couple, l’amour peut exister
sans désir sexuel réciproque
Dans la société actuelle, on provoque
trop les désirs sexuels
Quelle période de votre vie a-t-elle été la plus
agréable ?
Considérez-vous que chaque relation construit
l’individualité de chacun ou bien existe-t-il des « erreurs à ne plus
(pas) commettre » ?
Vous arrive-t-il de repenser au passé en imaginant
ce que pourrait être votre vie actuelle si vos choix avaient été
différents ?
Au cours de vos différentes expériences et
relations amoureuses, avez-vous déjà ressenti une oppression (sentiment
d’étouffement, de contrôle, jalousie, etc.) de la part de votre
conjoint ?
Vous est-il arrivé de rester « bloqué » sur une
personne ?
Si oui, était-ce durant plusieurs semaines, plusieurs mois ou plusieurs
années ?
Etait-ce au lendemain ou à la veille d’une
relation ?
Avec le recul, vous est-il arrivé d’aimer l’autre
plus qu’il ne vous aimé ?
D’être aimé plus que vous n’aimiez ?
Considérez-vous possible de « trop aimé » ? De
« mal aimé » ?
De manière générale, considérez-vous être exigent
dans vos rapports aux autres ?
Plus particulièrement, dans votre vie amoureuse,
diriez-vous que vous êtes trop exigent ou que ce sont les autres qui le
sont trop ?
Vous est-il arrivé d’éprouver de l’attirance pour
quelqu’un sans concrétiser votre désir ? Si oui, cela a-t-il engendré un
sentiment de frustration ?
 
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